
2025
Visitation: A Cosmogram in Four Movements
Ruth Marianne Owens

Ruth Owens a obtenu un master en beaux-arts de l'Université de La Nouvelle-Orléans en 2018, après avoir quitté son cabinet médical de 25 ans. Elle est représentée par la galerie Jonathan Ferrara et fait partie du collectif d'artistes « The Front », tous deux basés à La Nouvelle-Orléans. Son travail s'attache à contribuer à la préservation des archives noires et à y puiser des références personnelles au cinéma super-8 dans ses peintures et ses vidéos. Elle a notamment été artiste en résidence au Joan Mitchell Center, à l'Addison Gallery of American Art, au Vermont Studio Center, aux Studios du MASS MoCA et à l'International Studio and Curatorial Program de New York. Ses œuvres font partie des collections permanentes des 21c Museums, de l'Ackland Art Museum de l'UNC-Chapel Hill, de l'Addison Gallery of American Art, du Dale Center for the Study of War and Society, de la Fidelity Investments Corporate Collection et de l'Ogden Museum of Southern Art. Elle a participé au Festival du film de La Nouvelle-Orléans et au Patois Film Festival de La Nouvelle-Orléans.
BIOGRAPHIE
SYNOPSIS
Visitation, un cosmogramme en quatre mouvements (2022) présente avec poésie le positionnement ambivalent de notre subjectivité noire dans les étendues d'eau naturelles, où nous sommes enveloppés d'associations nourrissantes, mais aussi destructrices. Lacs, bords de mer et rivières sont des lieux de plaisir propices aux jeux en famille, à l'apaisement personnel et aux connexions spirituelles lors des baptêmes et de la contemplation paisible au bord de la mer. Mais l'enlèvement océanique et les tombes aquatiques du passage du milieu, ainsi que la ségrégation explicite et implicite des plages publiques, trahissent la violence historique et continue envers les corps noirs. Visitation est un poème visuel qui examine ces expériences conflictuelles vécues par les personnes racisées dans les cours d'eau naturels.
Owens utilise des films familiaux personnels en super 8 des années 1960 et des films amateurs issus d'archives noires pour éclairer l'héritage historique du rapport complexe des Noirs aux espaces naturels. Ces films amateurs offrent un aperçu intime des coulisses de la vie familiale noire, invisible, négligée, déformée ou effacée. La cinématographie amateur et la dégradation des images confèrent du crédit à ce témoignage historique authentique. Visitation présente et préserve les films de personnes noires racontant nos propres histoires et nos activités quotidiennes. Des histoires qui, autrement, seraient passées inaperçues ou ne seraient définies qu'à travers le prisme de la culture dominante.
Visitation est structurée comme un carré, une ligne horizontale séparant deux parties de l'image. La moitié supérieure présente des images d'archives de la famille d'Owens, ainsi que des films familiaux provenant d'autres archives noires. Simultanément, la moitié inférieure présente des scènes subaquatiques au ralenti où Owens danse telle un esprit sous-marin. Ses rythmes de nage à l'arrivée, ses mouvements à la fois gracieux et tendus, puis sa nage en retrait, sont en lien et en réponse aux images d'archives projetées simultanément dans la moitié supérieure du carré. Ce va-et-vient est une visite du monde des esprits, d'où le titre.
La ligne horizontale bissectrice de la structure du film sépare les activités quotidiennes qui se déroulent au-dessus de l'eau de celles qui se déroulent spirituellement en dessous. Il s'agit d'une représentation métaphorique d'un cosmogramme Kongo dont l'axe horizontal sépare le monde des vivants et le monde spirituel, le vivant et les ancêtres, et le vivant et Dieu. La surface de l'eau constitue le seuil poreux entre le vivant « au-dessus » et le spirituel « en-dessous », permettant la communication et la visite entre les deux mondes. Owens structure son film autour de ce symbole africain de l'interconnexion de la vie pour invoquer la spiritualité de l'eau.
Visitation comporte quatre « mouvements » qui décrivent la danse expressive de l'être sous-marin. Les mouvements d'« approche », de « danse », de « conflit » et de « retrait » évoquent émotionnellement les images d'archives présentées ci-dessus. Ils font également référence aux quatre positions du soleil dans la vision du monde du cosmogramme Kongo, qui prône l'interconnexion circulaire de toute vie. De plus, la musique originale, une chorégraphie improvisée, conclut chaque mouvement sur une note intentionnellement « inachevée », le reliant ainsi au mouvement cinématographique suivant et soulignant l'importance accordée par le cosmogramme à la continuité de la vie.
Ce film ne néglige certes pas la violence que nous rencontrons dans les espaces naturels, mais il y répond également en célébrant le plaisir des liens familiaux et spirituels. Les scènes d'archives incluent la manifestation de 1964 à Saint Augustine contre la ségrégation sur les plages, ainsi que des scènes de Lincoln Beach, historiquement ségréguée, à l'est de la Nouvelle-Orléans. Des images joyeuses d'enfants jouant au bord du lac et des scènes de baptême fluvial spirituellement exaltantes contrecarrent la violence de l'exclusion et offrent un imaginaire avant-gardiste. Dans une présentation visuelle douce-amère, portée par une bande sonore originale au ton spirituel, lamentable et magique, Visitation nous montre où nous en sommes en tant que Noirs et les perspectives enrichissantes qui s'offrent à nous.