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La vidéo de Daniella Meroz confronte deux idéaux corporels opposés, incarnés dans deux spectacles esthétisés mis en scène en Allemagne : le Ballet triadique d’Oskar Schlemer (1922) et Olympia, le film de Leni Riefenstahl (1938), documentant les Jeux olympiques d’été de 1936 à Berlin. Ancienne actrice, Riefenstahl deviendra la cinéaste emblématique du Troisième Reich. Dans Olympia, elle met son talent cinématographique novateur au service de la valorisation des corps bien proportionnés des athlètes – un « nouveau corps » inspiré de l’idéologie nazie ; un corps destiné à contrer un corps tout aussi nouveau – quoique grotesquement exagéré – qui figure dans l’art moderniste du Bauhaus. Les corps de Schlemer sont des figures mécaniques, des spécimens adaptés à une société nouvelle. Installant sa vidéo dans un stade, Meroz place ses interprètes dans des extensions géométriques démesurées qui, au lieu de gêner le mouvement, rappellent le vocabulaire visuel de Schlemer, mais aussi les accessoires rebondissants utilisés dans la téléréalité. Exécutant des exercices synchronisés, des courses ou des combats, les interprètes sont filmés en contrebas, un angle qui, comme chez Riefenstahl, sublime le corps. Cependant, Meroz laisse la lumière directe du soleil mettre en valeur la moindre imperfection, plaçant la scène à la frontière du succès et de l'échec, du réel et de l'idéal. Texte : Sally Heftel

DANIELLA MEROZ

VICTORY OF THE RISING SUN

2020

La vidéo de Daniella Meroz confronte deux idéaux corporels opposés, incarnés dans deux spectacles esthétisés mis en scène en Allemagne : le Ballet triadique d’Oskar Schlemer (1922) et Olympia, le film de Leni Riefenstahl (1938), documentant les Jeux olympiques d’été de 1936 à Berlin. Ancienne actrice, Riefenstahl deviendra la cinéaste emblématique du Troisième Reich. Dans Olympia, elle met son talent cinématographique novateur au service de la valorisation des corps bien proportionnés des athlètes – un « nouveau corps » inspiré de l’idéologie nazie ; un corps destiné à contrer un corps tout aussi nouveau – quoique grotesquement exagéré – qui figure dans l’art moderniste du Bauhaus. Les corps de Schlemer sont des figures mécaniques, des spécimens adaptés à une société nouvelle. Installant sa vidéo dans un stade, Meroz place ses interprètes dans des extensions géométriques démesurées qui, au lieu de gêner le mouvement, rappellent le vocabulaire visuel de Schlemer, mais aussi les accessoires rebondissants utilisés dans la téléréalité. Exécutant des exercices synchronisés, des courses ou des combats, les interprètes sont filmés en contrebas, un angle qui, comme chez Riefenstahl, sublime le corps. Cependant, Meroz laisse la lumière directe du soleil mettre en valeur la moindre imperfection, plaçant la scène à la frontière du succès et de l'échec, du réel et de l'idéal. Texte : Sally Heftel

BIOGRAPHIE

SYNOPSIS

Dans ce qui ressemble à des Jeux olympiques qui ont mal tourné, les athlètes olympiques s'affrontent dans un espace qui ne respecte pas les lois de la gravité, vêtus de costumes grotesques et géométriques surdimensionnés. Le film évoque l'histoire du XXe siècle, avec ses dictatures, ses régimes fascistes, notamment le nazisme et le communisme, ainsi que les régimes modernes qui pervertissent fréquemment les idéologies. Les références au film Olympia de Leni Riefenstahl, d'une part, et au « Ballet triadique » créé par le maître du Bauhaus Oskar Schlemer, d'autre part, offrent un point de vue intéressant sur ceux qui ont tenté d'exprimer des idéologies à travers le design et l'art.

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