
SYNOPSIS
Dans cette performance, le « corps » est désappris en six mouvements, tandis que je manipule l'aide à la mobilité, à la fois comme appendices corporels vitaux et comme matériau aliénant. La dynamique de pouvoir qui entoure le corps malade/handicapé est examinée à travers des gestes lents et intentionnels, où le corps est ligoté, contorsionné et affaissé autour des structures construites à partir des dispositifs médicaux. Une confrontation saisissante et une incarnation de l'impuissance se produisent. « Désapprendre le corps » capture ma lutte constante contre les pressions du validisme, externalisé et internalisé, pour performer en tant que valide, et la détérioration de mon corps qui rend cette performance finalement douloureuse et impossible. Cette pièce articule le corpus de pensée post-humain et cyborg-futuriste que j'utilise dans mon travail et mon rapport à ma maladie et à mon handicap, où la frontière entre « organique » et « inorganique » est floue. Je suis confrontée chaque jour à la réalité : mes « meilleurs » membres sont faits de métal, de plastique et de pierre. Les prothèses et dispositifs médicaux « inorganiques » implantés en moi sont essentiels au fonctionnement de ma forme corporelle « organique ». Le préjugé naturaliste de la société validiste privilégie le corps dépourvu de matière « inorganique » et dépourvu de dispositifs médicaux. Or, la notion de corps « organique » est un sophisme oxymorique. Cette performance me permet de mettre en parallèle les aides à la mobilité avec mon propre corps, les appendices métalliques externes ne m'étant pas plus étrangers que mes propres appendices corporels, décrépits et en voie de détérioration. Construire les structures et les formes précaires à partir des aides à la mobilité et m'y glisser incarne la navigation périlleuse entre ma propre maladie, mon handicap et ma dégénérescence, tout en luttant contre le validisme socialement intégré qui permet la profanation et la marginalisation du corps malade/handicapé. Cette œuvre, en particulier, est une exposition vulnérable de mon acceptation complexe et fluctuante de ma propre maladie et de mon handicap. « Désapprendre le corps » traduit une compréhension et une acceptation douloureuses face aux politiques de santé qui appellent toutes les personnes malades ou handicapées à la honte et à la recherche constante d'une « solution » à leur maladie ou handicap – ou, à tout le moins, à s'efforcer de le dissimuler à la société pour le confort des personnes valides. « Désapprendre le corps » est à la fois tendre et poignant, un aperçu d'un dialogue permanent que je dois avoir avec moi-même et mon corps, alors que je vis avec une maladie et un handicap qui ne cessent de s'aggraver.
